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Témoignages

Les médecins et la mort

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Communiqué
14 septembre 2022
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Ancien médecin retraité de l'APHP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris), adhérente convaincue de l'ADMD depuis 2011, j'ai été élue vice-présidente de cette association en 2021. Il n'y a pas, pour moi, d'incompatibilité à militer pour obtenir une loi autorisant et encadrant l'aide active à mourir en France.

Le serment d'Hippocrate date probablement du IV° siècle avant Jésus-Christ. Les maladies et les traitements n'ont plus rien de comparable. Ce serment, qui reste le fondement de la déontologie médicale, n'a qu'une valeur symbolique, et aucune valeur juridique. Il interdisait aussi l'avortement dans sa version initiale.

En France, depuis 1947, c'est le code de déontologie médicale, régulièrement adapté et inscrit dans la loi, qui engage les médecins, pour le respect de la vie humaine, à « ne jamais provoquer délibérément la mort », mais aussi « à tout faire pour soulager les souffrances et ne pas prolonger les agonies ».

Les progrès de la médecine repoussent les limites de l'espérance de vie et augmentent les chances de guérison de nombreuses maladies graves. Bien sûr, la vocation de tout médecin est d'abord de guérir, mais inéluctablement, toute vie a une fin. Nul ne connait précisément le jour de cette fin ni les conditions de vie des derniers mois de cette existence. Tout être humain a un seuil de tolérance à la souffrance qu'il ne connait que lorsqu'il y est confronté.

Je milite pour que chacun puisse décider qu'il a atteint cette limite, et pour que les médecins qui le souhaitent aient le droit d'entendre cette demande de mettre fin à la souffrance des malades qu'ils soignent, quand ils ne peuvent plus les guérir ni leur assurer les conditions de survie que ces personnes jugent dignes.

Les soins palliatifs ont un rôle essentiel, et doivent aussi obtenir les moyens d'être accessibles à tous, mais il n'y a pas d'incompatibilité entre soins palliatifs et aide active à mourir.

La liberté devrait être que chacun puisse choisir jusqu'à la fin de sa vie, y compris entre soins palliatifs, euthanasie ou suicide assisté, ce qui soulage ou abrège au mieux sa souffrance.

Je souhaite une loi de liberté dans ce sens, pour les malades comme pour les médecins.

Docteur Anne Vivien
Vice-présidente de l’ADMD