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Suicide assisté. Il a aidé à mourir dans la dignité. - La Nouvelle République

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Communiqué
28 octobre 2017
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Il a été à la mort comme on va à l’amour, raconte Alain Fievez. « Il était soulagé comme quelqu’un qui va rencontrer l’amour. La veille de son départ pour aller mourir en Suisse, j’étais encore avec lui à son domicile près d’Amboise. Il a bien mangé, bu du champagne. Il m’a chaleureusement remercié pour tout ce que notre association avait fait pour lui. J’ai contrôlé une dernière fois qu’il n’y avait pas d’ambiguïté sur sa décision finale. Il était d’une grande sérénité, dans le bonheur des dernières heures. Il avait une certaine philosophie de la mort », se souvient Alain Fievez, ancien libraire à Tours, conseiller municipal à Saint-Cyr-sur-Loire, délégué départemental de l’association Pour le Droit de mourir dans la dignité.

Cet homme vivant près d’Amboise avait 90 ans. Sa femme est décédée l’an dernier « dans des conditions difficiles, une mort qui l’a sans doute marqué ». Il avait une fille, installée sur Paris. Il a travaillé en Afrique, a été responsable commercial, « c’est quelqu’un qui avait donc une certaine culture ».
“ Le bonheur des dernières heures ” Il était polyhandicapé, « avait des problèmes cardiaques, respiratoires, de prothèse, un début de Parkinson. Une dame l’aidait dans son quotidien à son domicile. Il a adhéré à notre association début 2017. Il s’est informé pour aller mourir en Belgique comme Anne Bert mais c’était trop compliqué pour lui, il fallait s’y transporter plusieurs fois et prendre un médecin belge ». Il a opté pour l’autre solution, la Suisse, explique Alain Fievez.

« Sa famille, ses proches ont dû se faire à cette idée. C’est tout un cheminement. Cet homme ne voulait pas finir intubé, en maison de retraite. Dès février, il a débuté les démarches. Il y a trois associations d’aide à la mort ouvertes aux étrangers en Suisse. Il a choisi celle installée à Bâle. Son médecin a accepté de rédiger une lettre décrivant la situation de son patient. J’ai suivi le dossier, servi d’intermédiaire. C’était pour moi mon premier cas d’accompagnement vers la mort. »
Alain Fievez n’a pas participé à l’ultime voyage en Suisse : « C’est un voisin de cet homme qui y a été. Tous deux sont partis en voiture. On leur a donné le choix entre août et octobre-novembre. La personne a préféré début août. Il me disait : “ Le plus tôt sera le mieux ”. Là-bas, deux médecins l’ont examiné. L’opération s’est déroulée dans le local de l’association, pas à l’hôpital. Cela dure deux minutes. Un permanent de l’association avait acheté le produit en pharmacie, délivré sur ordonnance, le pentobarbital de sodium. Produit que l’on boit, mais c’est infect, ou qu’on s’injecte. C’est filmé, contrôlé par les services de justice et de police. La personne doit répondre aux dernières questions puis c’est elle qui “ tourne la manette ”, qui s’injecte le produit dans ses veines. C’est une mort douce, sans souffrance. »

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