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L'euthanasie ou le courage de la lucidité - Slate

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Communiqué
9 septembre 2017
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Voilà, elle a la maladie de Charcot.

Ces derniers temps, elle était fatiguée, elle avait du mal à se mouvoir, le moindre mouvement exigeait de sa part le raidissement de toutes ses forces pour parvenir ne serait-ce qu'à lever un doigt. Elle se rend chez le médecin, elle passe des tests, des examens, des radios jusqu'au jour où elle apprend la nature de sa maladie.

C'est la maladie de Charcot.

Elle interroge, elle se documente, elle apprend bien vite qu'elle souffre d'un mal incurable. Que d'une manière irrévocable, sans aucun espoir de guérison –ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais–, elle va peu à peu perdre l'usage de ses muscles. Que bientôt elle ne sera plus capable de se nourrir toute seule, qu'elle ne pourra plus parler ni communiquer, qu'elle sera condamnée à végéter sur un lit d’hôpital à attendre que la mort veuille bien la délivrer du poids de ses souffrances infinies.

Alors, elle réfléchit.

Elle ne voit pas l’intérêt de souffrir pour souffrir non pas que la souffrance lui fasse peur mais la souffrance quand elle se résume à elle-même, lorsqu'elle n'a d'autre visée que de crucifier encore un peu plus un corps qui se sait condamné à une mort certaine et prochaine, est une souffrance gratuite, est une souffrance absurde, est une souffrance sans espérance.

Une souffrance sans espérance.

Elle ne veut pas devenir cette chose agonisante qui n'a plus la force à rien, qui reste là des heures durant à gémir de douleur, qui assiste impuissante à la lente mais progressive décrépitude d'un corps dont chaque cellule proclame le désir d'en finir au plus vite.

Elle ne veut pas de cette vie-là qui n'est plus vraiment une vie mais l'antichambre d'une mort qui prend son temps pour arriver.

Elle parle à son mari, elle parle à ses enfants, elle parle à ses amis, elle leur dit qu'elle veut mourir d'une manière qui soit digne, d'une façon qui lui ressemble, dans la parfaite acceptation d'une fin qu'elle veut être la plus douce et la plus paisible possible. Ils comprennent, ils ne comprennent pas, ils essayent de lui faire changer d'avis... On ne sait jamais... tant qu'il y a de la vie il y a de... Non justement, de l'espoir, il n'y en a aucun, c'est pour cela qu'elle veut partir maintenant. Tant qu'il est encore temps.

Elle a aimé la vie comme personne, elle a aimé chaque seconde de son existence, elle a été heureuse ou du moins elle s'est efforcée de l'être. Elle a mené la vie qu'elle voulait, mais maintenant elle veut partir, elle ne veut pas tout gâcher, elle ne veut pas s'accrocher aux lambeaux d'une vie qui la verrait devenir celle qu'elle refuse d'être, un poids pour les autres, surtout un poids pour elle-même, et si elle a peur de mourir, peur parfois à en crever, elle refuse de jouer aux dés avec la mort.

Elle veut mourir, elle va mourir mais c'est elle qui va siffler la fin de la partie. Elle et personne d'autre. Parce que sa mort lui appartient tout autant que lui appartenait sa vie. Parce que sa mort ne regarde qu'elle. Parce que c'est en conscience, dans la pleine lumière de son intelligence, en accord avec son esprit, qu'elle a décidé d'en finir. Lire la suite sur le site de Slate.