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Jean-Luc Romero : «L'euthanasie est une affaire citoyenne, pas médicale» - La Dépêche du midi

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Communiqué
26 octobre 2017
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La loi Leonetti de 2016 autorise la sédation profonde et continue. Pourquoi est-ce insuffisant pour vous ?

C'est une grosse opération de communication. La sédation profonde et continue existait avant, ce qu'avait rappelé le Conseil d'État avec l'affaire Lambert (1). On reste dans la même logique : une loi faite par et pour les médecins. La question de l'euthanasie n'est pas une affaire médicale, c'est une affaire citoyenne. Or, actuellement, celui qui meurt n'est pas au centre de la décision. On en est à la 3e loi depuis 2005. C'est bien la preuve qu'elles ne fonctionnent pas. La sédation, le fait de vous endormir et d'arrêter de vous alimenter et de vous hydrater, peut-être une solution dans certains cas. Mais lorsque vous êtes jeunes, ça peut durer des semaines avant que le décès survienne. La situation est aberrante et hypocrite, et il faut en sortir.

Selon l'ADMD, 90 % des Français sont favorables à l'euthanasie. Pourquoi y a-t-il un tel décalage avec le législateur ?

Ce n'est pas la question de société la plus compliquée. Chacun est expert de sa propre mort, a vécu quelque chose ou a une conception de la façon dont il veut mourir. Les Français ont du bon sens, ils veulent que la société progresse. On vit plus vieux aujourd'hui en France, mais on ne meurt pas mieux ; c'est pour ça que l'on se bat aussi pour l'accès aux soins palliatifs.

Comme pour l'avortement ou le mariage pour tous, il faut une loi de liberté. Ce n'est pas parce que le mariage pour tous a été voté que tout le monde va devenir homosexuel.

Les lois sur la bioéthique doivent être révisées en 2018. Qu'en attendez-vous ?

Déjà, il faut se battre pour que la fin de vie y figure ; mais cette question devrait y être. Le problème est qu'au Parlement, deux lobbies se battent contre une loi sur la fin de vie : les mandarins parlementaires, des grands médecins surreprésentés au Parlement ; et l'Église catholique. Il faut faire beaucoup de pédagogie. Mais beaucoup de nouveaux parlementaires sont arrivés, avec une liberté de vote ; des initiatives sont prises qui recueillent des signatures. Ce sont eux, maintenant, qui peuvent faire bouger les choses. Ça devient urgent.

Les situations de Vincent Lambert, ou de la romancière Anne Bert qui vient d'être euthanasiée en Belgique, ont été très médiatisées…

Elles démontrent que les quelques solutions en France ne sont pas appropriées et que le combat de l'ADMD est légitime. Anne Bert, qui a pu aller en Belgique, a montré l'injustice de tout ça : la question de l'argent. On va tous mourir, mais pas dans les mêmes conditions. Cette inégalité est criante et scandaleuse.

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