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Droit à mourir : faudra-t-il euthanasier les dépressifs, demande Agnès Buzyn - Marianne

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Communiqué
22 octobre 2017
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La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a considéré sur RTL dimanche 22 octobre que les lois actuelles sur la fin de vie suffisent. Elle évacue la question des personnes frappées de maladies neurodégénératives, comme Anne Bert.

Faut-il adopter en France une nouvelle loi sur la fin de vie ? Invitée du "Grand Jury" de RTL-LCI ce dimanche 22 octobre, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est vu poser la question, mais refuse a priori d'étendre le "droit à la sédation profonde et continue", pour l'heure borné aux patients en toute fin de vie dont la souffrance est insupportable.

Droit à mourir : la ministre Agnès Buzyn s'inquiète de… l'euthanasie pour les dépressifs graves pic.twitter.com/dX0dl8fOJL

Le débat sur l'euthanasie est revenu sur la place publique avec le cas d'Anne Bert, cette femme atteinte d'une maladie incurable qui a dû s'exiler en Belgique début octobre pour y mourir, faute d'un cadre législatif qui le permette en France. Mais la ministre se dit satisfaite de la loi Claeys-Leonetti de 2016, qui "permet pour des gens qui sont condamnés de diminuer leurs souffrances et éventuellement d'abréger l'agonie", rappelle-t-elle, citant par exemple le cas "de gens atteints d'un cancer au stade terminal". "Cette loi permet beaucoup de choses", conclut Agnès Buzyn.

"C'est vraiment quelques dizaines de personnes par an..."

Sauf que cette loi occulte justement des cas comme celui d'Anne Bert. Atteinte d'une sclérose latérale amyotrophique, une maladie neurodégénérative qui la condamnait à la paralysie, elle était condamnée mais pas en phase terminale. Elle a donc dû recourir aux règles plus souples de la Belgique pour pouvoir être euthanasiée avant d'en arriver là.

Aux yeux d'Agnès Buzyn, médecin hématologue de profession, les lois en vigueur en France n'ont toutefois pas encore eu le temps de faire leurs preuves. "J'aimerais savoir comment [la loi Claeys-Leonetti] est appliquée sur le terrain sur le sujet très particulier des maladies dégénératives. Parce que c'est vraiment quelques dizaines de personnes par an...", relativise-t-elle.

Est-ce que des gens qui font des dépressions graves et dix tentatives de suicide, il faut abréger cette souffrance ?

Reste que si elle veut inclure ces "quelques dizaines de personnes", conscientes mais condamnées, la loi n'a d'autre choix que d'évoluer. Au micro de RTL, la ministre de la Santé se dit toutefois tiraillée par "la question du curseur" : "A partir de quand on décide qu'une personne est suffisamment malade pour dire qu'on abrège sa vie à un moment X ? Je trouve que c'est très difficile. C'est quoi une souffrance très profonde ?, s'interroge-t-elle. Est-ce que des gens qui font des dépressions graves et dix tentatives de suicide, il faut abréger cette souffrance ?". Jusqu'à preuve du contraire, personne, parmi les défenseurs en France d'un droit à mourir dans la dignité, ne le propose.

Réponse sur Twitter du président de l'ADMD, Jean-Luc Romero