Fin de vie. Emmanuel Macron à la Présidence de la République, Agnès Buzyn au ministère de la santé... Analyse […]

Le Jeudi 18 mai 2017 - 11:30

Buzyn

La nomination d’Agnès Buzyn au ministère de la santé, en remplacement de Marisol Touraine, est-elle une bonne nouvelle pour celles et ceux – largement majoritaires dans notre pays – qui militent en faveur d’une loi de liberté qui autoriserait l’euthanasie active, le suicide assisté et organiserait un accès universel aux soins palliatifs ?

La position d’Emmanuel Macron, relativement à cette dernière liberté qui nous est encore interdite, n’est pas claire. C’est le moins que l’on puisse dire...

En effet, dans l’émission Quotidien, le 13 mars dernier, le futur président de la République affirmait, concernant l’euthanasie, qu'il ne s'agissait pas d'une "priorité sur le plan de la loi". Et d'ajouter qu'il fallait dans un premier temps "informer et généraliser les pratiques des directives anticipées". La question du droit de mourir dans la dignité "est quelque chose qui se réfléchit, qui se débat avec la société", a ajouté, quelques jours plus tard, le porte-parole d'En Marche !, Olivier Véran, au journal Libération. Pourtant, quelques jours après, Emmanuel Macron, dans l’émission Punchline du 26 mars, affirmait à titre personnel : « Je souhaite choisir ma fin de vie »…  

Qu’est-ce à dire, donc. Qu’il aurait une position collective d’indifférence sur le sujet et une position individuelle favorable ? Une liberté que l’on ne souhaite pas accorder aux autres mais que l’on s’autoriserait à soi-même ? Ce n’est sans doute pas si simple…

Le nouveau président de la République – dont le conseiller santé, durant la campagne, fut notre soutien de toujours Jean-Louis Touraine – se montre plutôt libéral sur les questions de société. Peut-être que la question de la fin de vie – en raison de son jeune âge, mais est-ce une excuse ? – ne l’intéresse-t-elle pas encore ? Nous savons, nous, qu’il faut y penser avant qu’elle ne nous surprenne sans que nous y soyons préparés…

Peut-être surtout que dans sa volonté de rassembler et de ne pas opposer la société, le président de la République souhaite consulter avant de proposer et de décider. Dans ce cas, nommer au poste de ministre de la santé une professeure de médecine qui s’est récemment prononcée à titre personnel en faveur de « l’espace de liberté belge », c'est-à-dire l’aide active à mourir, est un signe fort qui nous permet d’espérer.

Bien sûr, nous savons parfaitement que si un texte de société, sur un sujet aussi difficile mais pourtant si consensuel, n’est pas proposé au Parlement dans les six mois qui suivent une élection présidentielle, afin de bénéficier de cet « état de grâce » terriblement éphémère, il ne pourra plus être voté durant le reste du mandat présidentiel. Et il n’apparaît pas qu’Emmanuel Macron souhaite faire des questions de société la priorité de son mandat. Néanmoins, la politique dans notre pays depuis quelques mois étant tellement surprenante, tout devient possible.

Accueillons donc avec bienveillance au ministère de l’avenue de Ségur une femme qui aborde la question de la fin de vie d’une manière libérale. Imaginons la longue nuit qui aurait été la nôtre si Jean Leonetti ou quelques autres occupaient aujourd’hui ce poste.

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