L'acharnement palliatif existe-t-il en France ?
Parce que les moyens consacrés en France aux soins palliatifs sont notoirement insuffisants, (il n’y a plus, dans notre pays, de plan de développement des soins palliatifs depuis le 1er janvier 2019) alors même que la loi de 2001, dite loi Kouchner, pose les bases d’un accès universel aux soins palliatifs, un grand nombre de nos concitoyens meurent dans les hôpitaux français en dehors de tout parcours palliatif. On meurt mal, en France, contrairement aux pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) qui, tout en légalisant l’euthanasie, se sont dotés d’unités de soins palliatifs en nombre suffisant pour répondre à toutes les demandes.
L’ADMD milite certes pour la légalisation de l’aide active à mourir (l’euthanasie, c'est-à-dire l’administration d’un produit létal par un tiers, et le suicide assisté, c’est-à-dire l’auto-administration d’un produit létal), mais également pour un accès universel aux soins palliatifs et pour le droit de chacun, si ses convictions sont ainsi, de bénéficier d’une obstination de la part des soignants car une journée de plus sera une victoire sur la maladie. Bref, l’ADMD milite pour le droit de chacun à disposer librement et en conscience de sa propre fin de vie.
C’est pour cela qu’elle juge inacceptable de faire des soins palliatifs la seule réponse qui serait humaine aux difficultés de fin de vie et qu’elle juge intolérable le jugement porté à l’encontre de ceux qui refusent ces soins, parfois infantilisants.
Et c’est ainsi – rappelez-vous Chantal Sébire – que certains, dont le premier ministre d’alors, François Fillon, étaient sur le point de l’obliger à intégrer un parcours palliatif et déclaraient que si elle ne le faisait pas, c’est sans doute qu’elle ne désirait pas véritablement terminer ces jours. L’histoire leur a bien sûr donné tort…
Alors oui, l’acharnement palliatif – défaillant – se substitue progressivement à l’acharnement thérapeutique et gageons que des moyens supplémentaires leur seront consacrés ces prochaines années dans le budget de l’État. Mais le mot liberté est toujours le grand absent de la loi sur la fin de vie dans notre pays. Et sans cette liberté des derniers instants, nos concitoyens ne trouveront pas la sérénité.