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Italie. Petites avancées sur la loi sur la fin de vie... Par Jacqueline Jencquel

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Communiqué
23 avril 2017
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Cette Italie toujours très marquée par la toute-puissante religion catholique, qui décrète que nous ne sommes pas libres de décider comment nous voulons vivre et quand nous sommes prêts à mourir. Nous serions des moutons incapables de penser par nous-mêmes et de prendre des décisions ne concernant que nous.

De plus en plus d'Italiens s'exilent en Suisse pour mourir, car le législateur a peur de légiférer, comme chez nous, en France, le pays des droits de l'Homme...

Deux cas très émouvants ont été amplement médiatisés récemment et le 20 avril, un projet de loi a été voté à la chambre des députés, qui devra être soumis au sénat. Cette loi, si elle est adoptée, ressemblera à notre loi Leonetti : si le patient a exprimé sa volonté dans des directives anticipées (testament biologique) on ne pourra plus lui imposer l'acharnement thérapeutique et l'équipe médicale devra tout faire pour soulager ses souffrances, même si cela devrait avoir pour conséquence d'abréger sa vie.

Et pour que ce débat ait lieu, il a fallu le courage d'un homme politique, Marco Cappato, qui a accompagné le DJ Fabiano Antoniani à Bâle pour qu'il ait le droit de mourir après un accident de voiture qui ne l'a pas tué, mais l'a rendu aveugle et tétraplégique. Il avait 39 ans. Marco Cappato encourait 12 ans de prison en l'accompagnant. Il a pris ce risque pour faire avancer la loi.

Le 13 avril, un Toscan, Davide Trentini, s'est éteint en Suisse après 25 ans de souffrances. La sclérose en plaques est une maladie neurodénérative impitoyable, qui peut mettre plus de vingt ans à détruire un corps humain et finit toujours par y arriver. Au moment du diagnostic, on devrait - comme en Suisse et dans les pays du Benelux - être assuré qu'on aura une porte de sortie au moment où on le souhaitera. C'est du cas par cas, mais on ne peut pas refuser cette possibilité aux patients. C'est pourtant ce qu'on fait, en France comme en Italie. On refuse cette ultime liberté à des adultes lucides et capables de discernement.

Souvenons-nous du cas de Eluana Englaro, qui est restée pendant 17 ans dans le coma avec l'interdiction par Berlusconi et par le Vatican de la débrancher. En 2009, son père, Beppo Englaro, brava l'interdiction et délivra sa fille en la débranchant. Elle mit trois jours à mourir de faim et de soif.
Le nouveau projet de loi permettrait donc d'éviter de prolonger indéfiniment la vie d'un patient (s'il existe des directives anticipées par écrit ou par vidéo).

En apprenant le geste de Beppo Englaro, le "ministre de la santé" du Vatican, Javier Lozano Barragan, déclara : "Que le Seigneur l'accueille et pardonne à ceux qui l'ont conduit là."
Nous, qui sommes laïques, n'interdisons aucune pratique religieuse, de quelque nature qu'elle soit (tant qu'elle ne nuit pas à autrui).

La grande majorité de la population - en France comme en Italie - réclame une loi de liberté.

"Les pays ne sont pas cultivés en raison de leur fertilité mais en raison de leur liberté"  Montesquieu

Texte rédigé par Jacqueline Jencquel
Vice-présidente de l'ADMD et en charge des relations avec les associations étrangères