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Fin de vie : les suicides violents des personnes âgées...

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Communiqué
15 mars 2018
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Dans le Pas-de-Calais, à Vendin-le-Vieil, un vieil homme a tué d’une balle dans la tête sa femme, le mardi 13 mars 2018. A la suite d’un AVC, la septuagénaire était devenue lourdement dépendante ; les époux, aimant, ne supportaient plus ce qu’ils considéraient sans doute comme une déchéance, inacceptable pour eux-mêmes. Son acte commis, le vieil homme a retourné l’arme contre lui, mais la balle n’a fait « que » traverser le cerveau, sans le tuer. La promesse de mourir ensemble n’a pas été tenue… Une vie d’amour qui se termine par le drame d’un pacte rompu. Mesure-t-on ce que cela représente réellement pour un couple ? Sans doute pas suffisamment…

Voilà… Quelques lignes dans la presse locale ; que l’on pourrait lire comme un simple fait divers, quelque chose qui aurait à voir avec la démence sénile. Une histoire de vieillards, digne de Pagnol.

Pourtant, il ne faut pas nous tromper. Ce fait divers – et il en existe des dizaines chaque année comme celui-là – est la preuve que nous ne savons pas, en France, prendre en charge de manière convenable, digne et humaine, les parcours de fin de vie. Nos amis belges nous le diraient très bien : dans un pays qui autorise l’aide active à mourir, un tel acte n’existe pas. Les vieux amants, en fin de vie, auraient été pris en charge ensemble dans le cadre d’une demande d’euthanasie. Des médecins à l’écoute, respectueux de leur volonté individuelle et de leur pacte d’amour, auraient organisé une fin digne, une fin de vie à deux…

Mais non. La France n’accepte pas d’aider les personnes en fin de vie à mourir. Les déchéances, les souffrances, les drames, les séparations, plutôt que la liberté, l’auto-détermination. La folie autoritaire, plutôt que la raison…

Monsieur Leonetti, vous qui avez fait autorité – un bien mauvais génie – sur la fin de vie, en France, pendant presque 15 ans, vous êtes directement responsable de ce drame qui s’est déroulé, ce mardi 13 mars 2018, à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Votre surdité, votre croyance – respectable, mais qui est seulement la vôtre – votre volonté de garder les parcours de fin de vie sous la seule tutelle du corps médical sont les causes de ce simple fait divers qui est pourtant, à l’échelle de l’amour d’une femme et d’un homme, un drame considérable, incroyable, irréparable, définitif.

Monsieur Leonetti, combien de morts aurez-vous ainsi sur votre conscience au soir de votre propre vie ?

PhL