Accueil / Actualités / Décryptages
Décryptages

Fin de vie : le phénomène de la porte de sortie...

image bandeau
Communiqué
12 mai 2021
Taille du texte
Partager sur

Dans les pays qui ont légalisé l’aide active à mourir, des études indiquent que 50 % seulement des personnes en fin de vie qui ont demandé et obtenu le droit de recourir à une euthanasie ou à un suicide assisté, exercent finalement ce droit.

Quelques opposants à la loi de liberté revendiquée par la presque unanimité des Français se saisissent de cette information et en déduisent que c’est là le signe de l’échec de la loi, de la peur qu’elle provoque. Pas du tout…

D’abord, parce que la loi de liberté proposée par l’ADMD crée un droit. Et un droit n’est jamais une obligation. Il est possible d’en user, ou pas ; il est aussi possible de changer d’avis. A-t-on obligé les femmes à avorter après le vote de la loi Veil ? Non. Elles en avaient seulement le droit.

Ensuite, parce ce que le phénomène dit de la porte de sortie peut être comparé à ce que ressentirait un spéléologue qui s’engouffre dans une cavité sombre, à l’issue inconnue. S’il sait qu’à tout moment, il peut appeler à l’aide et obtenir d’être extrait d’une impasse, il avancera d’autant plus volontiers et avec d’autant plus de confiance sur ce chemin incertain.

Il en va de même pour la fin de vie. «Je vis d’autant mieux que je sais comment je vais mourir.» Et c’est ainsi que le malade accepte d’autant mieux des traitements lourds, parfois invasifs, qu’il sait qu’à tout moment il peut demander à être extrait du protocole, à être soulagé de ses souffrances et à bénéficier d’une aide active à mourir. Il aura d’autant plus d’énergie, de volonté et de courage pour entreprendre des thérapies lourdes en sachant qu’un bouton «stop» lui est offert. Et c’est ainsi que beaucoup de ces malades meurent autrement que sous l’effet d’une aide active à mourir. C’est très bien ainsi, puisque c’est leur choix.

On peut refuser encore longtemps d’accorder cette porte de sortie qui prend la forme d’une loi sur l’aide active à mourir. Mais alors, il ne faudra pas pleurer celles et ceux que nous aimons qui sont désespérés par l’impasse thérapeutique dans laquelle ils se trouvent, celles et ceux que nous aimons qui sont en fin de vie, et qui montent sur le rebord d’une fenêtre pour se jeter dans le vide, qui se pendent à la poutre du grenier de leur maison ou qui se tirent une balle de fusil de chasse sous le menton. Cet acte, traumatisant pour tous, est le cri de désespoir de celle ou de celui à qui on n’a pas donné le choix.

La presse rapporte souvent des faits divers de cette sorte. Elle parle alors de drames du quotidien, de la vieillesse ou de la solitude. Non ! Il s’agit de drames de la fin de vie, parce que la loi française de 2016 est mal faite, n’accorde aucune place à la compassion et reste sourde aux appels de détresse des personnes pour qui la vie n’est plus que de la survie.
La France, championne du taux de suicide des personnes âgées et des grands malades. A qui la faute ? La loi que porte l’ADMD est une loi qui sera aussi préventive du suicide…

PhL