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L'Horizon des événéments - Emilie Maréchal

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Communiqué
12 décembre 2022
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En astrophysique, l’horizon des événements, est celui d’un trou noir, c’est-à-dire une hypersurface à partir de laquelle cesse notre habituelle conception de l’espace-temps en quatre dimensions.

Emilie Maréchal relie avec cette métaphore du seuil de l’existence, cinq témoignages, plaidoyers pour l’accompagnement à mourir, au plus près de la parole, des réflexions, des sentiments voire des paradoxes que les récitants nous livrent avec une profonde et touchante sincérité. « L’horizon des événements » prend donc le parti du récit-témoignage mais sous l’angle de l’être humain en relation, relation singulière, aimante et aidante, relation plus collective, élargie à une cause citoyenne.

Dans son processus de collectage, elle commence par rencontrer, écouter longuement les uns et les autres. Pour Michel, « aimer la vie c’est aussi vouloir que la fin du parcours se passe le mieux possible » mais « préparer les derniers moments […], l’évoquer avec ses proches […], c’est trop souvent difficile voire impossible ». Il n’en faut pas moins à Emilie Maréchal pour se positionner : « Ecrire autour de la mort, c’est d’abord en parler, libérer la parole et faire avancer un questionnement. », y compris de façon militante, citant le juriste Alain Guillotin : « Aujourd’hui, on assimile le mourant à un objet, et non plus à une personne humaine sujet de droit ».

Exceptée Jacqueline qui argumente très personnellement son projet imminent de suicide assisté, Mireille, Stéphane, Françoise et Baptiste racontent comment ils ont accompagné ce frère, cet ami, cet amour, passé soudain du statut de mortel à celui de mourant, jusqu’à son choix plus ou moins partagé mais toujours longuement pesé, d’abréger ce qui humainement, ne relevait plus pour elle, pour lui, d’une existence digne de ce nom.

Le suicide comme seule alternative en France, indigne Michel qui place plutôt son accompagnement dans une logique « d’amour ultime » : « Le suicide s’effectue dans une solitude abyssale, dans la souffrance, avec mutilation du corps, dans l’angoisse de se rater et la culpabilité de laisser une dernière image de soi traumatisante. »

La législation suisse et sa mise en œuvre pour « la mort volontaire assistée médicalement » (on ne parle pas de « suicide assisté »), y est décrite avec ses qualités et ses défauts. La démarche est loin d’être facile mais elle déjoue la plupart des écueils qu’un Français rencontre encore à ce jour, pour mourir dans ce qu’il estime être sa dignité.

C.G.

Emilie Maréchal (Recueil) & Sylvain Descazot (Design)
Tirage en 100 ex le 1er trim 2022