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L’année de la pensée magique - Joan Didion

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Communiqué
13 mai 2024
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L’auteur
« Joan Didion, le deuil en face » titrait un article du journal Le Monde de Raphaëlle Rérolle le 13 septembre 2007. En effet, dans l’essai L’année de la pensée magique, Joan Didion relate l’année qui a suivi la mort brutale de son mari en 2003, à la suite d’une crise cardiaque, après quarante années de vie commune.

Le livre a remporté le National Book Award en 2005 aux Etats-Unis et le prix Médicis essai en 2007 en France.
Romancière, essayiste, journaliste et scénariste américaine, égérie de plusieurs générations d’écrivains américains, Joan Didion est née à Sacramento en Californie en 1934 et morte en 2021 à New-York, des suites de la maladie de Parkinson.

Elle débute comme correctrice dans le magazine Vogue à New-York et amorce sa carrière en littérature avec la parution du roman Une saison de nuits en 1963. Elle publie peu avant les années 1970 et commence alors à écrire pour le cinéma, après être revenue à Los Angeles et Hollywood. Elle est l'auteur de plusieurs scénarios pour le cinéma avec son mari, l'écrivain John Gregory Dunne.

À San Francisco au tournant des années 1960-1970, elle documente la vie des hippies, faite de consommation de drogues, dans des articles parus dans Life, The Saturday Evening Post et Esquire, qui la rendent célèbre.
 
Le livre
L’essai L’année de la pensée magique a été écrit neuf mois après la mort de son mari et pendant la maladie qui devait emporter sa fille unique, Quintana.

Elle explique que sur le moment elle a juste noté sur son ordinateur : la vie change vite/ la vie change dans l’instant/ on s’apprête à dîner et la vie telle qu’on la connaît s’arrête.

Elle va alors décortiquer tout ce qui s’est passé au moment de la crise cardiaque et de l’arrivée des secours, s’interroger douloureusement pour savoir si elle a vraiment tout fait pour sauver son mari, elle va vouloir assister à son autopsie … ce qu’elle ne fera pas finalement. Elle va rechercher tous les signes annonciateurs de cette mort citant à plusieurs reprises Gauvain dans la légende du Roi Arthur « Oui, sachez que je ne vivrai pas deux jours » : comment n’a-t-elle pas pu comprendre que son mari devait savoir sa mort imminente ?

Le livre est vraiment un corps à corps avec la douleur et le deuil et pendant longtemps elle va agir comme si son mari allait pouvoir revenir. Par exemple, elle conserve ses chaussures, pensant qu’il en aura besoin quand il reviendra. Elle pense aussi que le fait de décrire exactement ce qui s’est passé pourrait « lui permettre de changer la fin de l’histoire, de la réviser ». C’est toute l’activité de sa pensée au cours de cette année qu’elle qualifie de « magique ».

Elle note qu’on ne peut « pas avoir conscience à l’avance de l’absence infinie qui s’ensuit, le vide, l’exact opposé du sens, de la succession interminable de ces moments où nous serons confrontés au contraire même du sens, à l’absurdité ».
A défaut donc de trouver un sens à ce drame, Joan Didion en fait un récit, elle lui donne une forme, se l’approprie, lui imprime son regard, le transforme. Elle fait donc œuvre d’écrivaine, écrivaine d’un livre atemporel, puisque près de vingt ans après sa publication, celui-ci conserve toute sa puissance.

Sa fille Quintana Roo Dunne, qu'elle et son mari ont adoptée à sa naissance en 1966, est morte, moins de deux ans après John Gregory Dunne, le 26 août 2005 d'une pancréatite aiguë à l'âge de 39 ans ; Joan Didion était alors en promotion à New York pour L'Année de la pensée magique : la romancière relate cette expérience de vie dans Le Bleu de la nuit.
 
 A noter : il existe aussi une version pour scène de ce texte.
 
C.S.

Publié en septembre 2007
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