La mort heureuse - Hans Küng

L’auteur

Hans Küng, né le 19 mars 1928, à Sursee dans le canton de Lucerne (Suisse), et mort le 6 avril 2021 à Tübingen (Bade-Wurtemberg, Allemagne) est un prêtre catholique ordonné en 1954 à Saint-Pierre de Rome et théologien mondialement connu pour ses prises de position contestataires et courageuses dans une Église qu’il n’a jamais quittée malgré d’incessantes confrontations avec la hiérarchie.
Il a consacré l’essentiel de sa réflexion à l’évolution de l’Eglise dans l’esprit du concile Vatican II, auquel il était resté attaché toute sa vie.
Son silence des dernières années semble à la mesure des échecs du courant progressiste catholique à imprimer définitivement son cours à l’Eglise. Mais peut-être aussi Hans Küng a-t-il eu raison trop tôt.

Ce livre est composé de deux parties : un entretien datant de 2013 avec Anne Will, journaliste allemande, et une partie plus importante « Eclaircissements et approfondissement » qui explicite les raisons de sa position.

Sa publication a soulevé émotion, voire scandale, en Allemagne : comment un théologien catholique peut-il, ose-t-il, défendre l'idée d'une aide à mourir, qu’il s’agisse d’un suicide assisté ou accompagné, ou encore d’une euthanasie ?

C'est pourtant paradoxalement au nom de sa foi que Hans Küng défend une fin de vie digne de l'homme, de son humanité. Comment le Dieu bon qui a créé les humains voudrait-il qu'ils meurent dans les pires déchéances physiques ou psychiques ? Pour qui aspire à une vie éternelle, pourquoi retenir cette vie mortelle quand, précisément, « ce n'est plus une vie » ? « Un Dieu qui interdirait à l'homme de mettre fin à sa vie quand la vie lui fait porter durablement des fardeaux insupportables ne serait pas un Dieu amical à l'homme ». Hans Küng parle pour lui-même et ne veut rien imposer à personne. Mais avec beaucoup de délicatesse et de nombreuses nuances, il revendique, pour les personnes très âgées devenues entièrement dépendantes, qui n'en peuvent plus de vivre, ou pour les grands malades incurables, accablés de souffrances insupportables, le droit de partir quand et comme ils le désirent, et d'être aidés physiquement et soutenus moralement dans cette ultime phase de leur vie. Ce livre est aussi un parcours simple, lucide et éclairant du « changement de paradigme » dans lequel nous sommes engagés aujourd'hui dans notre compréhension de la vie et de la mort humaine, en ces temps d’hyper performance médicale.

Un livre très intéressant et très enrichissant, aussi bien pour ceux qui croient au ciel que ceux qui n’y croient pas.

Le post-scriptum est particulièrement éclairant : à la toute fin de la préparation du présent ouvrage en 2014, l’auteur a traversé une très grave épreuve de santé due à sa maladie de Parkinson et, à ce moment-là, le contrôle de sa vie sembla lui échapper. Il s’en est sorti après des semaines de soins intensifs. Du coup il s’est interrogé pour savoir si son plaidoyer avait encore un sens. Mais il est resté ferme dans sa conviction que tout individu a la responsabilité devant Dieu et devant les hommes de décider de sa vie et de sa mort.

C.S.

(Titre original « Glücklich sterben ? » :« Mourir heureux ? » 2014)

Publié en mars 2015

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