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Départ anticipé - Un triptyque : maladie, euthanasie, deuil - Maerten Mieke

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Communiqué
20 février 2024
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Une mère face à la maladie puis la mort de son fils. Une mort voulue pour finir de souffrir, une mort vers laquelle Mieke Maerten va accompagner son fils « moins visible qu’à la naissance, mais tout aussi présente ». La formation en philosophie et sciences morales de cette Bruxelloise donne à son écriture de la fluidité pour aborder les sentiments, réflexions et introspections qui seront son quotidien durant les trois mois où le cancer des os va foudroyer son fils Pierre, âgé de 36 ans. Pour faire face au vide aussi, après sa mort douce – l’euthanasie donc – entourée de ses amis et sa famille. En trois parties : on est consterné par la maladie fulgurante qu’est le cancer, envieux par les possibilités de choix qu’ont nos voisins en matière de mort choisie et concerné par ses réflexions sur le deuil : sur le fait d’être orpheline de celui a qui l’on a donné la vie.

Accompagner un malade qui souffre et a conscience de sa fin proche est déjà un cheminement douloureux, mais son propre enfant ! Il y a le jour irréel de l’annonce et le froid qui, instantanément, se répand dans tout l’être de la mère ; celui où il faut informer le reste de la famille ; celui où l’on comprend qu’il n’y a vraiment plus aucun espoir ; celui où l’on accepte sans restriction l’issue fatale. On compatit aux efforts de cette mère qui cherche à faire le maximum pour aider son fils, mais sans l’envahir, sans le gêner dans son intimité. On comprend qu’elle cherche à fixer à jamais dans sa mémoire les derniers jours qu’ils ont à vivre ensemble, au point d’en être insistante et de mettre son garçon mal à l’aise. Comme tous ceux qui ont perdu un proche de cette maladie et ont eu le temps d’appréhender sa fin, la mère pense qu’affronter en amont la disparition de son fils sera une aide majeure au moment crucial. Que nenni, le tsunami sera le même.


Puis vient la période de l’après. Celle où, dévastée, Marieke doit faire face aux réalités administratives – voire absurdités administratives – qui jalonnent sa vie qu’elle qualifie de solitude, malgré un entourage attentif et présent. Elle est lasse, a des envies de fin pour elle également. Pas d’idée de suicide, mais de fin tout simplement, par manque de forces pour lutter. Doit-elle remercier d’avoir eu son fils, ou pleurer de l’avoir perdu ? A-t-elle suffisamment pensé à parler avec lui quand elle se démenait pour lui faciliter la vie au quotidien durant ses souffrances ? Il n’y a pas de deuxième chance. Un deuil solitaire, c’est le garder pour soi, célébrer celui qu’il fut c’est le laisser partir. Jusqu’à ce rêve où son fils lui apparaît. Elle le ressent vraiment, ne veut pas le laisser partir, mais il s’évanouit dans les limbes de l’évanescence. Rien de surnaturel, juste une émanation du cerveau, mais un véritable réconfort. Ceux qui ont vécu ce phénomène comprendront. Les années passent, le manque est toujours là, sous-jacent, la peine est prête à jaillir à la moindre occasion, mais l’écriture a fait son office.

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A noter l’avant-propos de l’ouvrage qui donne une réponse claire à tous ceux qui tergiversent encore en France pour adopter une loi sur la fin de vie qu’une importante majorité de citoyens réclame. La Belgique (qui a promulgué une loi sur l’euthanasie après les Pays-Bas) est toutefois la première a avoir également édicté une loi sur les soins palliatifs. L’une ne s’opposant pas à l’autre, bien au contraire, elles se complètent. Ceux qui en France estiment qu’une loi sur l’euthanasie se ferait au détriment d’une loi sur les soins palliatifs sont dans l’erreur totale et surtout dans le déni.


ACM

Publié en avril 2023
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