La Libre Pensée

ADMD

    Dans sa Lettre à Ménécée sur le bonheur1, le sage Épicure (342-270) nous l’enseigne : « […] la mort n’est rien pour nous […] le soin de bien vivre et celui de bien mourir ne font qu’un. » Cette pensée profonde s’accomplit lorsque chaque individu dispose de la liberté absolue de conscience. Garantie par la loi concernant la séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905, celle-ci atteindra sa plénitude quand sera reconnu à tous le droit de disposer totalement de son corps. La Révolution française a ouvert la voie mais long reste le chemin à parcourir. En 1791, l’Assemblée nationale législative retranche le suicide de la liste des crimes recensés par le code pénal. Après un long combat, à ce jour encore inachevé en raison de la persistance de l’insuffisance des moyens offerts aux femmes et des entraves qu’entraîne pour elles la clause de conscience reconnue aux médecins, la loi du 17 janvier 1975 dépénalise l’interruption volontaire de grossesse. Depuis 1994, avec d’importantes limitations de tous ordres, les lois de bioéthique permettent la procréation médicalement assistée, bientôt accessible aux couples de femmes et aux femmes seules. En revanche, le droit de bénéficier d’une aide médicale à mourir reste à conquérir.
    La loi du 22 avril 2005 relative au droit des personnes malades et en fin de vie interdit l’acharnement thérapeutique mais laisse largement aux praticiens le pouvoir d’en décider et autorise l’arrêt des traitements, dans des conditions parfois inhumaines. La loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ne modifie pas substantiellement le cadre législatif précédent. Elle se borne, pour l’essentiel, à permettre, le cas échéant sur demande du malade, une « sédation profonde et continue » en cas d’affection « grave et incurable ». Emblématique, la situation de M. Vincent Lambert, en état végétatif chronique, a montré que ces dispositions présentent de graves défauts. En dépit de la volonté exprimée par l’intéressé, ses parents ont utilisé de façon dilatoire et scandaleuse, pour des raisons uniquement religieuses, tous les moyens juridiques de retarder pendant des années la fin de vie de leur fils.
    La Fédération nationale de la Libre Pensée, qui demande le vote d’une loi de liberté reconnaissant à chaque individu le droit de bénéficier d’une aide médicale à mourir, comme en Belgique, en Suisse ou dans l’État américain de l’Oregon, apporte son soutien amical et inconditionnel à l’action menée à cette fin, depuis tant d’années et avec tant d’énergie, par l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).

1 Epicure, Lettres et Maximes, trad. Octave Hamelin et Jean Salem, Editions Librio, 2000



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