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Fin de vie : "Je deviens prisonnière de mon corps" - L'Est-Républicain

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Communiqué
7 novembre 2018
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Régulièrement relancé par l’actualité, le débat sur l’euthanasie est toujours sensible. Un acte toujours interdit en France. Certains patients, qui se savent condamnés, font le choix de se rendre à l’étranger, en Belgique où en Suisse, où le suicide assisté, uniquement, est autorisé, pour choisir quand partir. Madeleine, habitante de Maintenon, très malade, réfléchit à cette possibilité.

À 77 ans, Madeleine, se déplace difficilement avec des cannes ou son déambulateur, dans sa maison de plain-pied du centre de Maintenon. Autrefois très active et sportive, cette ancienne éducatrice spécialisée se voit petit à petit, et surtout depuis un an après une opération du cœur, devenir « prisonnière de son corps », dépendante « de la réalité extérieure à moi ».

La faute à une insuffisance cardiaque et une arthrose très avancée qui l’empêchent d’effectuer certains gestes de la vie courante. « Je tombe beaucoup, explique cette femme souriante. Il y a quelques mois, je suis restée 30 heures par terre, impossible de me relever. »

Je tombe beaucoup, explique cette femme souriante. Il y a quelques mois, je suis restée 30 heures par terre, impossible de me relever

Un traumatisme pour la septuagénaire, maintenant équipée de bracelet et collier d’assistance. Retrouvée dénutrie, elle a eu « par la suite eu des périodes délirantes ». De quoi relancer aussi sa peur de la maladie d’Alzheimer : « Ça me terrifie. Je ne veux pas faire vivre ça à mes enfants. »

Elle ajoute : « La maladie limite mes actions tout le temps. Dès que je vais faire quelque chose, je souffre. Maintenant, j’ai beaucoup de mal à me lever et à me coucher ». Son pied droit, aussi, se bloque parfois : « J’ai l’impression qu’il y a comme une coupure avec mon cerveau. » Madeleine se désole aussi de ne plus lire du tout, elle qui dévorait toutes sortes d’ouvrages.

 J’ai l’impression qu’il y a comme une coupure avec mon cerveau

Comment vit-elle cette récente perte d’autonomie ? « Ça dépend de la météo extérieure. Hier, par exemple, j’ai eu une crise de larme. Mais j’ai passé le stade de la colère, de la dépression et de la résignation. » Mais elle sait, aussi, que le temps passe vite. « J’ai peur d’être rattrapée par la maladie avant de pouvoir choisir. » Choisir, c’est-à-dire décider elle-même quand partir. Quand elle n’aura plus la force de vivre.

Alors depuis d’un mois, Madeleine appelle Josette Le Blevec, de l’association pour le droit à mourir dans la dignité (1). Les deux femmes se connaissent bien, Madeleine est adhérente depuis plusieurs années.

Née en Suisse, ce pays où le suicide assisté est autorisé

« Je pense à mon départ, je voudrais que ça ne soit pas douloureux, précise la retraitée. Des médecins m’ont dit que lors d’une insuffisance cardiaque, on meurt étouffé. Je ne veux pas de ça. » Née en Suisse, elle pourrait se rendre dans ce pays où le suicide assisté est autorisé (2). Au préalable, il faut avoir effectué plusieurs voyages, pour consulter des médecins qui vérifient la démarche et la santé du patient.

L’aîné m’a dit : “Je suis d’accord avec toi, mais ne le fais pas dans notre dos”

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