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Elle défend l'euthanasie à ses fenêtres : « C’est la mort de ma mère qui me hante, j’y pense tous les jours » - La Montagne

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Communiqué
11 juin 2020
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Marie-Jeanne O’Toole aime les phrases cinglantes. Quand on lui demande de quoi sa vie a été faite, elle répond : « Ce n’est pas ma vie qui est importante, c’est la fin de ma vie. »

Depuis plusieurs mois, les Montluçonnais peuvent lire ses réflexions sur les fenêtres de sa maison : « Agonie de ma mère : trois mois ? ; euthanasie de mon chien : cinq minutes ». Ou plus récemment : « coronavirus, non ? ; euthanasie, oui ».

L’exemple de la mort de sa mère

Marie-Jeanne n’a rien d’une femme suicidaire ou déprimée. Mais à 85 ans, elle pense sérieusement au trépas. « C’est la mort de ma mère qui me hante, j’y pense tous les jours. »

Malade d’Alzheimer, amputée des deux jambes à l’âge de 90 ans, la mère de Marie-Jeanne O’Toole a subi un supplice. « Sur la fin, je ne voulais plus la voir, elle ne me reconnaissait plus et elle souffrait trop. »

Comment Marie-Jeanne aimerait-elle mourir ?? « Comme ma chienne », réplique-t-elle. Son animal était rongé par les métastases. 

Un vétérinaire l’a auscultée et m’a dit qu’on ne pouvait rien faire pour elle. Il a pris sa patte, a cherché la veine, l’a endormie et lui a inoculé une potion létale. En cinq minutes, c’était fini

Marie-Jeanne est membre de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité. Elle peste contre François Hollande « qui n’a pas respecté sa promesse de 2012 ». Son fils comprend ses positions mais ne veut en aucun cas l’aider. « Il me dit qu’il faudra que je me débrouille et qu’il ne veut pas finir en prison. »

Cette native de la Marne, qui habite à Montluçon depuis 2011, a perdu deux de ses trois enfants. « Mon fils est décédé en septembre 2015. Il était trisomique et vivait avec moi. Un jour, il est tombé malade alors qu’il se trouvait dans un séjour en groupe. Il a été hospitalisé presque mourant. Lorsque je me suis rendu dans son service, il était sous perfusion, les mains attachées pour l’empêcher de se débrancher. Le spectacle était atroce », raconte-t-elle.

Le médecin des soins palliatifs a organisé une réunion de l’équipe médicale en présence de la famille. « On nous a expliqué qu’il n’y avait plus d’espoir. Ils ont décidé, avec notre accord, de l’endormir et de le débrancher pour le laisser partir dans son sommeil. Je les en ai remerciés. »

Sur un tableau, chez elle : « Pas de réa SVP »

Dans son salon, elle a laissé un message sur un tableau : « Pas de réanimation SVP ». C’est à l’adresse des secours. « Je veux qu’on me laisse mourir, c’est tout ».

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