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Evolution en 2017 des législations sur la fin de vie dans le monde. Par Jacqueline Jencquel

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Communiqué
11 décembre 2017
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Jacqueline Jencquel est secrétaire nationale en charge des relations internationales et de l’accompagnement à l’étranger.

Que nous aura apporté cette année 2017 qui se termine ? Un changement de Gouvernement. Un jeune président et, une nouvelle fois, une femme au ministère de la santé. Une femme médecin, qui plus est. Nous portions tous nos espoirs sur elle. En vain. Même l’histoire tragique d’Anne Bert, atteinte de la maladie de Charcot, ne l’attendrit pas. Anne Bert s’exila en Belgique pour mourir. La maladie de Charcot a un pronostic fatal et le patient finit par mourir, étouffé par sa langue qu’il ne contrôle plus. Le docteur Buzyn doit savoir ce que signifie cette maladie. La ministre Buzyn n’écoute pas la voix du médecin qu’elle est et n’a pas non plus la trempe d’une Simone Veil pour faire changer une loi mal écrite qui ne laisse pas à des adultes lucides et capables de discernement le contrôle sur la fin de leur vie.
Cependant, nous voyons une petite lueur d'humanisme au bout du tunnel : la cour de Cassation a relaxé Jean Mercier et l'a blanchi de toute accusation après six ans de poursuites, l'homme de 89 ans avait aidé son épouse malade qui voulait mourir.

Et dans le reste du monde, quel est le panorama sur cette question qui concerne tout le monde et n’est traitée que dans peu de pays avec lucidité et humanisme ? Parmi ces pays, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suisse, la Colombie, le Canada, sept états des États-Unis (heureusement que ce n’ est pas le Gouvernement fédéral qui décide, mais chaque état individuellement) et, récemment, l’État de Victoria en Australie, après un combat de plusieurs années…

Le Royaume-Uni a connu un cas amplement médiatisé, celui de Noël Conway, un homme de 67 ans qui souffre lui aussi de la maladie de Charcot. Il a choisi de faire un procès au Gouvernement de Sa Majesté, qui ne lui accorde pas la possibilité d’être aidé à mourir. Il a perdu le procès et n’a plus la force de voyager en Suisse. Il est ventilé 24 heures sur 24. S’il retire le ventilateur, il mourra en s’étouffant. Ça prendra plusieurs heures ou plusieurs jours. Est-ce humain de condamner un homme à mourir de la sorte ?

A cause de cette absence de loi en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie et en Espagne, les associations suisses qui acceptent d’aider les étrangers sont submergées de demandes et les Belges ferment leurs frontières aux Français, qui sont trop nombreux à vouloir s’exiler pour mourir.

En Italie, le cas du DJ Fabbio, qui est parti mourir en Suisse, a été amplement médiatisé grâce au courageux député Marco Cappato qui l’a accompagné et a fait une déclaration aux médias en expliquant que Fabbio était tétraplégique, sourd et muet à la suite d’un accident. Cette condition étant irréversible, il a donc préféré mourir.

Marco Cappato encourt plusieurs années de prison et j’ai récemment accompagné à Bruxelles le président de notre association, Jean-Luc Romero, pour le soutenir (avec la DMD espagnole et d’autres associations européennes qui ont signé un manifeste demandant au Parlement européen de prendre une décision favorable à la liberté). Jean-Luc Romero y a pris la parole pour soutenir Marco Cappato et pour dénoncer l’absurdité de la loi Leonetti qui permet seulement d’appliquer une sédation profonde et continue à des mourants. A quand une véritable réflexion et un véritable débat dans notre vieille Europe, qui devrait être un exemple de démocratie pour le reste du monde ?