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COVID-19 : pouvoir rendre visite aux personnes en fin de vie résidant en établissement

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Communiqué
17 avril 2020
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Dans son allocution du lundi 13 avril dernier, le président de la République a souhaité « que les hôpitaux et les maisons de retraite puissent permettre d’organiser pour les plus proches, avec les bonnes protections, la visite aux malades en fin de vie, afin de pouvoir leur dire adieu. » Une décision d’humanité saluée unanimement. Il y avait effectivement urgence à préciser les choses.

Pourtant, depuis une note du 27 mars 2020 du ministère des solidarités et de la santé, des cas exceptionnels pouvaient déjà faire l’objet d’un aménagement de la suspension des visites. C’est ainsi que des autorisations exceptionnelles de visite peuvent être accordées par le directeur de l’établissement après une appréciation au cas par cas. Cette appréciation s’appuie sur les consignes nationales ainsi que sur les préconisations et arrêtés locaux de l’Agence régionale de santé (ARS) et de la préfecture. « Peuvent constituer des motifs d’autorisation exceptionnelle : une situation de fin de vie, une décompensation psychologique, un refus de s’alimenter qui ne trouve pas de réponse au sein de l’établissement. Cette liste n’est pas limitative. La décision du directeur de l’établissement tient compte de l’état de santé de la personne. La direction de l’établissement veille à ce que les visiteurs exceptionnellement autorisés ne présentent pas de symptôme et organise une prise de température frontale systématique. A partir de 38 degrés, les visiteurs ne sont pas admis dans l’établissement. Lors des visites exceptionnellement autorisées, les personnes doivent veiller au strict respect de l’ensemble des mesures barrières. Leur circulation au sein de l’établissement, ainsi que les contacts avec les autres personnes et les professionnels doivent être limités autant que possible. Un registre doit être tenu afin de recenser les entrées des visiteurs exceptionnellement autorisés. »

Ces exceptions laissaient sans doute trop de latitude d’interprétation aux directeurs d’établissement, tiraillés entre la nécessité d’isoler les résidents afin de les préserver autant que possible du coronavirus et celle de leur permettre de poursuivre une vie familiale et sociale. Car même en établissement, les personnes âgées restent des citoyens à part entière, qui jouissent des mêmes droits et des mêmes libertés que les autres.

Comme l’illustre le dramatique témoignage de cet homme (la gendarmerie a, depuis, indiqué regretter cette erreur de jugement), il est aujourd’hui nécessaire de mieux préciser – et de mieux diffuser les consignes à ce sujet – ce qu’est « le motif familial impérieux » prévu comme quatrième motif de déplacement dérogatoire de la fameuse attestation bien connue de tous les Français depuis le début du confinement. Les directeurs d’établissement doivent prêter une plus grande attention à ces demandes émanant des familles, et les forces de l’ordre – qui ont la difficile mission de faire respecter le confinement – doivent faire montre de discernement, de compréhension et d’empathie.

Des aménagements, au besoin, pourront être faits dans les établissements pour faciliter les visites tout en protégeant les résidents. Citons cette idée de parloir à la maison de retraite de Roche-la-Molière, dans la Loire.

Le confinement est une situation douloureuse pour tous. Elle l’est particulièrement pour les personnes séparées de leur famille. Notre société doit veiller à ne pas ajouter du drame au drame... 

PhL

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Note de l'Espace régional éthique de Normandie (EREN)